Publié le 21/01/2014 par Michael de Montlaur — Divers
Faut-il garder les peintures de Guy de Montlaur ou les faire connaître ?
Les garder pour qu’il y en ait toujours accrochées à nos murs, nous protégeant du vide. Le vide laissé par GdM qu’on avait pris l’habitude de voir produire, peindre encore et encore. A chaque nouvelle œuvre, comme un accouchement, par le siège évidemment, jamais simple. Et une première impression négative : c’est moche un nouveau-né. Parce que c’est nouveau et toujours différent de la peinture précédente.
Il nous fallait du temps pour goûter à petites doses d’abord, c’était acide, parfois violent, puis, au cours du temps, en s’approchant, en vivant avec, en étant sous l’emprise, influencé, endoctriné, drogué, mais libre finalement, une émotion. Souvent un rejet, lié au rejet du père, évidemment, mais ensuite un amour infini. Quarante ans après, en feuilletant les toiles dans le grenier où elles attendent, l’impression n’est plus la même. Sauf si on les sort, comme au premier jour, dehors, au soleil : il faudrait une éternité pour les contempler toutes. Mais une seule, prise au hasard, peut faire revivre l’émotion de la première fois, fugace, terrible, magnifique.
Alors on a essayé de faire partager ce que les mots peuvent à peine dire. Avec réussite concernant le premier cercle, famille, amis. Et ce n’était pas gagné. Les plus belles surprises sont venues de ceux et celles que l’on croyait complètement hermétiques à cette peinture. Le temps a patiné le rejet initial. Comme le vin qu’on déteste la première fois et qu’on déguste l’âge aidant pourvu qu’il soit bon. Cette reconnaissance des proches qui n’ont pas connu la genèse nous conforte dans nos sentiments. Mais cela ne nous suffit pas et nous voulons l’élargir.
Là commencent les problèmes : expositions, ventes, catalogue, stockage, partage, dispersion, dégradation, restauration, encadrement, base de données, fiches, textes, biographies,… j’en oublie. Faut-il tout faire à la fois ? Faut-il faire un fonds ? Faut-il partager puis que chacun décide à sa façon ? Faut-il sous-traiter ? Faut-il faire un don à un musée, à une fondation ? Faut-il ne rien faire ?
Les endroits les plus brûlants de l’enfer sont réservés à ceux qui restent neutres…
(Dante Alighieri ma citation favorite)
En plus de tout ce qu’on a à faire dans la vie normale, ne pas oublier de hurler, de s’indigner, de critiquer, de s’engueuler, mais aussi de s’apaiser, de proposer, de construire, de commencer, de changer, de poursuivre, et d’essayer tout le reste qui mûrit dans la tête. La concertation nécessaire sera probablement bancale et les décisions forcément imparfaites. L’erreur est préférable à l’inaction.