Biographie

Guy de Villardi, comte de Montlaur appartenait à l’une des plus anciennes maisons du Languedoc. Son ancêtre Bernard II de Montlaur, seigneur de Vailhauquès, avait combattu avec Raymond de Saint-Gilles, comte de Toulouse lors de la Première Croisade en 1096. Le berceau de la famille est Montlaur, un château du Xe-XIe siècle au nord de Montpellier.

Écolier à Paris, il passe ses jeudis au Louvre où il retrouve ses peintres préférés : Ucello, Mantegna, Ghirlandaio, Jérôme Bosch, Botticelli, Le Titien, Le Lorrain, Poussin, Ingres, Delacroix, Courbet, et parmi les Modernes, Kandinsky.

Guy de Montlaur étudie la philosophie à la Sorbonne et la peinture à l’Académie Julian. Très tôt, tous les matins, l’étudiant va monter à l’entraînement avec les jockeys de Maison Laffite.

Château de Montlaur

En octobre 1938, juste après Munich, il commence son Service Militaire dans un régiment de Cavalerie à Sarguemines, près de la frontière allemande. Pendant la campagne de 1939-40, il fait partie d’une unité de reconnaissance ‘Les Corps Francs’ et participe à des raids en territoire allemand. Il rejoint l’Angleterre en 1942 et demande à être incorporé dans la Brigade des Fusiliers Marins Commandos (1er BFMC, sous les ordres du Commandant Kieffer), du Commando N°4 de Lord Lovat. Il débarque le 6 juin 1944 en Normandie, à Colleville-sur-Mer (maintenant Colleville-Montgomery), près de Ouistreham Riva-Bella.

Tous les officiers étant blessés, il prend le commandement de sa section. Le 1er novembre 1944, il participe au débarquement allié de Walcheren, au Pays-Bas et à la libération de Flessingue (Vlissingen). Le Capitaine Guy Vourc’h, son officier dit de lui : “Blessé à mes côtés, il refuse de se laisser évacuer. Son courage touchait à l’insolence ; il était humiliant pour l’ennemi : sept citations et la Légion d’Honneur à 25 ans.”

Le lieutenant de Montlaur (1er rang à gauche, les cartes à la main) et les commandos français défilent dans les rues de Flessingue (Coosjie Buskenstraat, île de Walcheren, Pays-Bas), le 3 novembre 1944. Ils sont en route pour la ville de Domburg, au nord-ouest de l'île. La photo a été prise par le reporter du Daily Sketch et publiée dans ce journal le 8 novembre.

À la Libération, Guy de Montlaur retrouve la peinture. Il se lie d’amitié avec Gino Severini qui le conseille. En février 1947, il part à New York avec sa famille et rencontre Walter Pach. Il étudie la peinture à l’Art Students League. En 1948, il rentre en France et s’installe à Nice. En mars 1949, sa première exposition individuelle a lieu à la Galerie Lucienne Léonce-Rosenberg, rue Gay-Lussac à Paris. À cette époque, il fréquente Chapoval, Atlan, Schneider, Soulages. En avril 1951 et en janvier 1954, il expose à la Galerie Colette Allendy à Auteuil. Sa période Cubiste dure de 1949 à 1953-54.

1954 est une année de transition. Guy de Montlaur s’installe d’abord à Fontainebleau, et quelques années plus tard à Paris. Son style évolue, il se met à utiliser le couteau à palette, rompt les contours et les espaces. Il a trouvé son style propre. Des années de technique et de pratique de l’Art Abstrait lui permettent maintenant d’exprimer totalement sa passion intérieure, tandis que le rigorisme et la discipline cubistes lui apportent un sens profond de la construction.

Guy de Montlaur peint secundum

Il était possédé par la poésie : les titres de ses toiles étaient inspirés par Apollinaire, Verlaine, Baudelaire, Valéry. Il ne pouvait vivre sans musique. Il rejouait constamment la même œuvre, le plus souvent de J-S Bach, pendant l’exécution d’un tableau : d’où les titres “Morgenstern” et “Es war ein wünderlicher Krieg”. D’autres titres proviennent de ses souvenirs d’enfant en Anjou : “l’île”, “La grande allée”, “Ô saisons ! Ô châteaux !”.

Son sens de la spiritualité dans l’art (“die Geistige in der Kunst”, cher à Kandinsky) le mène à la solitude. Il trouve son refuge à Franval, dans la campagne normande où il peint de 1975 à 1977. Guy de Montlaur meurt le 10 août 1977. Il demanda à être enterré à Ranville, premier village libéré de France, aux côtés de ses camarades de combat tombés 33 ans plus tôt.