10 juin

10 juin

Le 9 juin est sans histoire. Les canons chenillés des “Hitler Jugend” harcèlent la ligne occupée par les commandos et les parachutistes. Comme ils tirent rarement plus de quatre obus du même emplacement, il est pour ainsi dire impossible de les repérer. C’est pure chance si l’on arrive à les détruire (au mortier ou au P.I.A.T.). Quelques appareils de la Luftwaffe viennent rôder dans la nuit du 9 au 10.

Enfin le jour se leva sur le 10 juin.

C’est vers 06 h 00 que le bombardement commença pour de bon. L’intensité de la préparation était telle qu’il ne faisait plus de doute que l’adversaire était décidé à enlever Le Plein. Il faut croire que tout ce que les Allemands possédaient d’artillerie, dans ce secteur, entra en action à cette heure là.

La ferme du Plein, en quelques minutes, est passablement délabrée. Les tuiles, des pans de murs entiers jonchent la basse-cour. Un coup direct fait voltiger le haut du clocher de l’église. De gros éclats rouges et fumants viennent grésiller dans l’herbe parmi les tranchées. Les pertes françaises deviennent sérieuses. On évacue comme on peut les blessés sur la route qui traverse le village. Là des jeeps viennent les ramasser.

La position de la 1ère “Special Service Brigade” est la suivante. Du nord vers le sud, des abords de Sallenelles à ceux de Bréville :

  1. N° 45 Royal Marines Commando
  2. N° 3 Commando
  3. N° 4 Commando : 4 troupes britanniques
    Le Plein et ses abords : Troupe 1 et 8, Section K guns (troupes françaises)
  4. N° 6 Commando

En face :
La 12ème S.S. “Hitler Jugend” Division dont une partie attaque avec 2 importants bataillons, dans le but de chasser la brigade du relief de terrain dont le point stratégique est Le Plein. Comme on l’a vu, ces deux bataillons sont forts de 1200 hommes. Leur objectif principal est singulièrement démuni de combattants. Du reste on a l’impression que l’adversaire a une bonne idée de la situation.

Il avance lentement et sûrement. Son feu, concentré principalement sur la troupe 1, se détournera bientôt sur le flanc gauche où se trouve le reste du n° 4 Commando. La raison de ce changement d’objectif est bien simple. Le tir a presque cessé sur la petite hauteur, alors qu’il est nourri en direction du sud.

En effet, la troupe 1 a reçu l’ordre de cesser le feu, car le n° 3 Commando (lieutenant colonel Peter Young) contre attaque à partir du château d’Amfréville : direction plein Sud. Tout ce qu’il reste de ce commando - 350 hommes environ - se déploie sur une ligne qui va du château d’Amfréville (à l’ouest) à la ferme de Longuemare (à l’est). Cette unité ne s’arrêtera qu’à Bréville. Entre la ligne de départ et la ligne d’arrivée, il y avait eu les 1200 hommes de la 12ème division.

Voici ce qui s’était passé :
Les deux bataillon S.S. ont mal interprété le silence de la troupe en face d’eux. Ils ont cru à un décrochage. Comme, par ailleurs, ils ont été pris à partie sur leur flanc gauche par la section K guns et la troupe 8, c’est sur ces dernières qu’ils dirigent leur action. Ils ignorent l’attaque qui se prépare sur leur flanc droit, car la configuration du paysage normand permet une utilisation idéale du terrain. C’est ainsi que les gens du n° 3 sont pratiquement sur les Allemands (mais sur ce qui est devenu l’arrière des 2 bataillons) avant que ceux-ci aient eu le temps de se rendre compte du traquenard dans lequel ils sont tombés. Il s’ensuit un désordre indescriptible. Les officiers allemands pris sous le feu des français, ne peuvent plus donner d’ordres à leurs “arrières” qui sont en contact direct avec les britanniques. Leur dispositif de combat se trouve “à l’envers”. C’est là certainement la raison de leurs très lourdes pertes et de leur échec final.

La soirée du 10 juin trouve la troupe 8 à Hauger avec la section K guns. La troupe 1 tient le carrefour des Ecardes.