La liberté qu'on espère rendre aux pères-peinards. Le sacrifice de George Gicquel

La liberté qu'on espère rendre aux pères-peinards. Le sacrifice de George Gicquel

Il y a une chose parfaitement essentielle qu’il ne faudrait jamais oublier, même quand on parle d’une chose aussi dégoûtante qu’une guerre : c’est la liberté qu’on espère rendre aux pères-peinards et à leur infecte famille. Je sais que cette guerre, que je n’ai même pas faite pour “le bon motif”, n’a servi de rien. Ma seule fureur (c’est cela qui sert de courage à ceux qui n’en ont pas) m’a seulement fait remarquer que je ne trouvais pas à mon goût que des gens habillés en verdâtre, à 11h.00 du matin se promènent dans les Champs Élysées avec une musique (il faut être fritz pour ne pas se rendre compte qu’il arrive d’être ridicule) - cette musique comprenait deux “chapeaux chinois” : je ne sais pas si l’on sait ce qu’est un chapeau chinois - tant pis.

Je me suis dit qu’il fallait, le plus vite possible, quitter un pays si peureux.

Quand, plus tard, j’ai retrouvé mes anciens amis, je les ai trouvé moins drôles, pas pompeux du tout, mal habillés. Ils m’ont toutefois amusé, car je ne savais pas qu’un couillon qui appartient à la 12ème Hitler Jugend Division, à la 21ème Panzer ou à “Das Reich” (connue également sous le nom de Von Lehr Division - des gens qui un jour avaient traversé Oradour) je ne savais donc pas que ces petits mecquetons pleuraient quand ils avaient un peu peur. Ils ne pleuraient du reste pas longtemps : surtout depuis le jour (12 juin 1944) où il m’a bien fallu dépendre Gicquel, qui avait une figure horriblement bleue pendu qu’il était dans la salle commune de la ferme du Moulin du Buisson. Je sais bien que nous n’avons pas été très gentils avec les charmants SS : mais que faire ? J’avais infiniment de respect pour la bande de crapules qui travaillaient avec moi. Je n’ai plus jamais eu de considération pour nos jeunes amis, les allemands. Bless their fucking soul (if they have one).

I have tried very hard not to be mean, or stinking: I must admit that very often I did’nt succeed.

Je m’aperçois que j’ai employé le “je”, le “moi” beaucoup trop souvent. Peut-être conviendrait-il, ici, de rappeler un peu Beaumarchais : “On préfère beaucoup dire du mal de sa personne plutôt que de n’en parler point”…

Pour ce qui est de la liberté, on aimerait citer Lénine : “La liberté, pour quoi faire ?”

La guerre est une très belle chose : seulement si elle est faite par “les autres”.

Guy de Montlaur décrit une de ses motivations pour combattre le nazisme. Plus tard, il constate que les massacreurs d’Oradour perdent un peu leurs moyens quand ils se trouvent à devoir payer de leurs exactions. Dont celle d’avoir torturé et exécuté un Commando fait prisonnier, selon les instructions d’ Adolphe Hitler.

Ce Commando était Georges Gicquel (badge n° 163).

Cet acte barbare révolta les Commandos qui effectuaient des raids toutes les nuits autour d’Amfreville. Leur motivation s’en trouva décuplée. Une de leur arme préférée était la peur qu’ils provoquaient chez leurs adversaires.

Il termine son récit en s’excusant de parler de lui à la première personne. Beaumarchais lui permet de sous entendre ce qu’il ne racontait jamais à ceux qui ne pouvaient comprendre ni ne devaient savoir ce que lui et sa “bande de crapules” ont dû faire pour rendre la liberté aux pères peinards.