On a brûlé les ruches blanches
On a brûlé les ruches blanches
Huile sur toile, 61 cm x 38 cm
Paris, janvier 1960

On a brûlé les ruches blanches

Depuis qu’il peint, Montlaur trouve son inspiration dans l’œuvre de Guillaume Apollinaire, le poète le plus proche de lui au sens figuré, mais aussi physiquement : il garda sur lui le livre « Alcools » pendant toute la guerre, et en particulier lorsqu’il débarqua sur les plages normandes, le 6 juin 1944.

Et toi qui me suis en rampant
Dieu de mes dieux morts en automne
Tu mesures combien d’empans
J’ai droit que la terre me donne
O mon ombre ô mon vieux serpent

Au soleil parce que tu l’aimes
Je t’ai menée souviens-t’en bien
Ténébreuse épouse que j’aime
Tu es à moi en n’étant rien
Ô mon ombre en deuil de moi-même

L’hiver est mort tout enneigé
On a brûlé les ruches blanches
Dans les jardins et les vergers
Les oiseaux chantent sur les branches
Le printemps clair l’Avril léger

(Guillaume Apollinaire, Alcools, La chanson du Mal-Aimé, Voie lactée)

Comme dans Sainte-Fabeau et La licorne et le capricorne, le peintre reproduit sur la toile les vers de La chanson du mal-Aimé. Ici, le poète demande à son ombre, « sa ténébreuse épouse », de combien d’empans de terre il aura besoin pour creuser sa tombe. Mais l’hiver est mort, les ruches ont gelé et brûlent, les oiseaux chantent, c’est le printemps.

On reconnait bien la ruche blanche, les flammes jaunes et rouges, le ciel bleu. On reconnait également les quelques empans de terre en bas du tableau.