Incroyablement beau poème de Guillaume Apollinaire sur un amour passé. Le tableau laisse voir à travers un hublot la rade, les côtes de l’île pleurée ou peut-être la silhouette de la femme aimée ?
Voie lactée ô sœur lumineuse
Des blancs ruisseaux de Chanaan
Et des corps blancs des amoureuses
Nageurs morts suivrons-nous d’ahan
Ton cours vers d’autres nébuleuses
Regrets des yeux de la putain
Et belle comme une panthère
Amours vos baisers florentins
Avaient une saveur amère
Qui a rebuté nos destins
Ses regards laissaient une traîne
D’étoiles dans les soirs tremblants
Dans ses yeux nageaient les sirènes
Et nos baisers mordus sanglants
Faisaient pleurer nos fées marraines
Mais en vérité je l’attends
Avec mon cœur avec mon âme
Et sur le pont des Reviens-t’en
Si jamais reviens cette femme
Je lui dirai Je suis content
Mon cœur et ma tête se vident
Tout le ciel s’écoule par eux
O mes tonneaux des Danaïdes
Comment faire pour être heureux
Comme un petit enfant candide
Je ne veux jamais l’oublier
Ma colombe ma blanche rade
O marguerite exfoliée
Mon île au loin ma Désirade
Ma rose mon giroflier
(Alcools, La chanson du Mal-Aimé)