C’est une tempête de couleurs, très vives, jamais élémentaires : les noirs ne sont pas noirs, mais tachés de jaune, de vert, de bleu, pas du tout sinistres. Les blancs sont peu ‘sales’ (selon l’expression du peintre). Les rouges sont vermillon et carmin, plutôt sang. Les couleurs sont presque toutes “grattées”, laissant entrevoir, parfois même franchement voir la couleur de la couche sous-jacente, on distingue par endroits la trame de la toile.
Que distingue-t-on ? Une silhouette noire tendant les deux bras. On voit un étrange ciel rouge foncé, des formes rectangulaires noires, vertes, rouges, jaunes.
Le titre : « La connaissance des choses ». Qu’a voulu dire le peintre ? Parlait-il de la connaissance du monde ? Connaissance scientifique et philosophique ? Dans ce cas, pourquoi la silhouette noire ? Rien dans la peinture ne paraît confirmer cette interprétation. Voulait-il dire : « Je connais mon destin » ? On est en 1976, le peintre est mort 18 mois après avoir achevé cette peinture. Il sait qu’il a peu de temps à vivre. Il attend sa vieille connaissance, la Mort. Il ne la craint pas. Dernière hypothèse, proche de celle que nous venons d’envisager : le peintre, le soldat au passé si lourd va subir son jugement dernier. Il est debout, il a les mains tendues vers le « Juge » qui connaît toutes les choses ; il a confiance.