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Automne 1939 avant le 6/6/44

\ Le 19 novembre 1939

Ma chère Maman,

C’est mon portrait que je vous envoie aujourd’hui. Je ne sais ce que vous en penserez : pour ma part, je n’en suis pas mécontent. Et puis, c’est toujours mieux que rien, puisque je n’ai pas de photographie à vous donner. Évidemment, vous n’êtes pas habituée à mes moustaches et à ma coupe de cheveux un peu étrange : enfin, vous me reconnaîtrez peut-être.
Je n’ai pas grand chose à vous raconter puisque, comme vous le voyez, je trouve le temps de dessiner. A part cela, dormir et manger sont mes principales occupations.
Voulez-vous m’envoyer, avec ce que je vous ai demandé avant-hier, deux paires de chaussettes de laine et un flacon de Boldine.
Je vous quitte à la hâte pour donner ma lettre au Vaguemestre, s’il n’est déjà parti.
Mille tendresses, ma chère Maman, je vous embrasse de tout cœur.

Guy

Cette lettre correspond au portrait de GdM présenté ici. Il écrit à sa mère pour lui dire qu’il n’a pas grand chose à lui dire puisqu’il n’y a pas grand chose à faire à part peut-être dessiner et sûrement dormir et manger. Juste lui demander deux paires de chaussettes de laine (novembre dans la Sarre) et un flacon de Boldine…
Inutile pour lui de s’étendre sur les deux derniers mois et demi qu’il vient de passer depuis la déclaration de guerre avec les allemands. En (première) ligne et au corps à corps (francs). Il ne sait pas encore qu’il en a encore pour 5 ans, il n’a que 21 ans. Vous souvenez-vous de vos plus belles années, entre 20 et 25 ans ?
Pendant toutes ces années, les seules moments sublimes pour lui ont été les périodes de combat et les rares moments non moins sublimes où il était avec

Adelaide Piper Oates, Comtesse de Montlaur, 1920-2011

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7 et 8 juin Amfreville

Dans la matinée du 7 juin, les hommes s’enterrent davantage et aménagent les trous individuels qu’ils agrandissent. Ils creusent des couloirs reliant les trous, fabriquent des toits qui sont recouverts de touffes d’herbes arrachées dans les environs.

A 16 h 00 le même jour, 4 chars allemands, dont un Mark VI, arrivent de Bréville. Ils sont arrêtés par quelques Sherman au moment où ils vont rentrer dans Amfreville, l’un d’eux brûle, et les 3 autres (dont le Mark VI) font inverseur.

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6 juin de Colleville au Plain

… La troupe 1 a été la plus éprouvée. L’enseigne de vaisseau Guy Vourc’h qui la commandait a été touché sur la plage ainsi que les deux chefs de section (officier des équipages Pinelli, maître principal Faure). Elle a eu, au traverser de la plage, 5 tués et 23 blessés graves. Le second maître de Montlaur, qui était le plus ancien des officiers mariniers, prend le commandement de cette troupe. La troupe 8 aura dans la matinée 1 tué et 17 blessés ; parmi ces derniers, le lieutenant de vaisseau Kieffer qui, malgré un large éclat de mortier à la cuisse, participera à l’action.

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6 juin à l'aube

… La traversée vers la France commence avec la nuit qui tombe lentement. On n’a pas vu un seul avion de la Luftwaffe. Chacun s’installe à sa convenance : les uns dans les deux cales, d’autres s’enveloppent dans des couvertures et dorment paisiblement jusqu’au lever du jour. Le vent souffle force 5.

Le jour se lève tout embrumé. A bâbord, on peut voir un contre-torpilleur couler. Son arrière s’élève, solennel comme un menhir, noir sur la mer grise. Une partie de l’équipage barbote alentour. Les deux LCI moteurs en panne, se dandinent maintenant, à peut-être 6 nautiques du littoral. La France n’est pour les passagers qu’une mince bande de sable ocre-jaune. Il y a une houle de fond. On se remet en marche à 06 h 45. Le débarquement aura lieu à 07 h 20.

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La liberté qu'on espère rendre aux pères-peinards. Le sacrifice de George Gicquel

Il y a une chose parfaitement essentielle qu’il ne faudrait jamais oublier, même quand on parle d’une chose aussi dégoûtante qu’une guerre : c’est la liberté qu’on espère rendre aux pères-peinards et à leur infecte famille. Je sais que cette guerre, que je n’ai même pas faite pour “le bon motif”, n’a servi de rien. Ma seule fureur (c’est cela qui sert de courage à ceux qui n’en ont pas) m’a seulement fait remarquer que je ne trouvais pas à mon goût que des gens habillés en verdâtre, à 11h.00 du matin se promènent dans les Champs Élysées avec une musique (il faut être fritz pour ne pas se rendre compte qu’il arrive d’être ridicule) - cette musique comprenait deux “chapeaux chinois” : je ne sais pas si l’on sait ce qu’est un chapeau chinois - tant pis.

Je me suis dit qu’il fallait, le plus vite possible, quitter un pays si peureux.

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