Exposition virtuelle

Filtrer : ou
Rechercher :
Composition abstraite
Composition abstraite
Huile sur toile, 33 cm x 24 cm
Paris, février 1968

Composition abstraite

En 1968, Montlaur a 49 ans, il a atteint la plénitude de son art, de sa technique. Ce petit portrait, au titre ironique, légèrement plus grand que nature, n’est pas censé être flatteur. Le camaïeu donne une impression de tristesse. Le visage est empreint de lassitude, il est marqué par la douleur causée par sa blessure à l’œil. Le peintre ne cherche pas à plaire, il peint, c’est toute sa vie.

Souvenir d'Issenheim
Souvenir d'Issenheim
Huile sur toile, 60 cm x 92 cm
Paris, mai 1977

Souvenir d'Issenheim

Le Souvenir d’Issenheim est celui du retable éponyme, peint par Matthias Grünwald et visible maintenant au Musée Unterlinden de Colmar. La peinture de Montlaur rappelle l’un des panneaux, le plus interne, du polyptique. Ce dernier représente le tourment de Saint Antoine par des monstres envoyés par Satan. On reconnaît les couleurs jaune et verte des monstres mi-bêtes, mi-humains, le saint est à terre avec sa robe bleue, on voit le voile noir derrière lui, les montagnes grises en haut à droite. Le chaos est total dans les deux peintures.

Le Souvenir d’Issenheim est l’un des derniers tableaux peints par Guy de Montlaur.

Quae est Ista
Quae est Ista
Huile sur toile, 195 cm x 114 cm
Paris, mai 1977

Quae est Ista

Quae est Ista quae ascendit
sicut aurora consurgens,
pulchra ut luna, electa ut sol,
terribilis ut castorum acies ordinata?

Quelle est Celle-ci qui s’élève
comme l’aurore à son lever,
belle comme la lune, exquise comme le soleil,
terrible comme une armée rangée en bataille ?

(Cantique des Cantiques, ch.6, v.9)

Quel plus bel hommage, le peintre aurait-il pu rendre à la Reine du Monde, que cette œuvre magnifique, pleine de majesté, la toute dernière, peinte trois mois seulement avant sa mort ?

Peinture à l'usage des enfants
Peinture à l'usage des enfants
Huile sur toile, 92 cm x 60 cm
Paris, mars 1977

Peinture à l'usage des enfants

Formes géométriques, simplifiées, posées. Couleurs pastel soulignées par un noir profond. Ici aussi, les couches de couleurs superposées apparaissent au grattage. Pas de violence, le peintre est serein. Il lègue son art, sa technique à la postérité, aux enfants; c’est comme s’il leur disait : « voilà ce que je sais faire ! »

Le courage
Le courage
Huile sur toile, 54.5 cm x 65 cm
Paris, août 1976 - février 1977

Le courage

De courage, Montlaur n’en a pas manqué pendant les années de guerre. À partir d’octobre 1939, il participa à de nombreux raids en Sarre allemande avec les Corps Francs, des unités de combat de type commandos. En mai-juin 1940, il lutta avec acharnement contre l’avance allemande au-delà de la honteuse armistice signée par Pétain et le régime nazi. Son courage est mentionné par le professeur Guy Vourc’h dans son hommage prononcé lors de l’enterrement de son ami en Normandie, le 13 août 1977 : « Je le vis arriver (note : à Londres) au début de 1943, et lui offris d’entrer dans les Commandos, version moderne de la cavalerie, arme des reconnaissances, des coups de main audacieux. Nous ne nous sommes plus quittés. Chef de groupe, puis chef de section, ensemble, avec le Commandant Keiffer, avec Lofi, Hattu, Chausse, Bégot, Wallerand, nous avons forgé cet instrument d’attaque qui devait avoir l’honneur d’être choisi pour débarquer le premier, ici-même, sur le sol de France. Tous les officiers de ma compagnie blessés, c’est lui qui en prit le commandement. Puis ce fut Flessingue et Walcheren. Blessé à mes côtés, il refuse de se laisser évacuer. Son courage touchait à l’insolence ; il était humiliant pour l’ennemi : sept citations et la Légion d’Honneur à 25 ans.  »

En février 1977, à six mois de sa mort, Montlaur ne la craignait pas, celle-là, si proche de lui depuis si longtemps.

Le passeur des jours futurs - La mort d'une étoile
Le passeur des jours futurs - La mort d'une étoile
Huile sur toile, 100 cm x 65 cm
Franval, 1975 - 1977

Le passeur des jours futurs - La mort d'une étoile

Prémonition de la mort du peintre. Le passeur des jours futurs est celui du Styx : on ne voit que lui, rouge sombre, couleur du sang, couleur de la mort. Il est à l’entrée d’un monde illuminé de lumière blanche crue. Le tableau a été peint en 1975 et terminé en 1977, quelques mois avant la mort du peintre.

Quare conturbas me?
Quare conturbas me?
Huile sur toile, 65 cm x 54 cm
Franval, juillet 1976

Quare conturbas me?

(Pourquoi mets-tu le trouble en moi ?)

Iudica me, Deus, et discerne causam meam de gente non sancta: ab homine iniquo et doloso erue me.
Quia tu es, Deus, fortitudo mea: quare me repulisti? et quare tristis incedo, dum affligit me inimicus?
Emitte lucem tuam et veritatem tuam: ipsa me deduxerunt, et adduxerunt in montem sanctum tuum, et in tabernacula tua.
Et introibo ad altare Dei, ad Deum qui laetificat iuventutem meam. Confitebor tibi in cithara, Deus, Deus meus.
Quare tristis es, anima mea? Et quare conturbas me? Spera in Deo, quoniam adhuc confitebor illi, salutare vultus mei, et Deus meus.

(Ps 43)

Fais-moi justice, ô Dieu, et prends en main ma cause contre un peuple infidèle! Sauve-moi de ces gens menteurs et criminels !
O Dieu, tu es ma forteresse, pourquoi donc me rejettes-tu, et pourquoi me faut-il vivre dans la tristesse, pressé par l’ennemi ?
Fais-moi voir ta lumière, avec ta vérité pour qu’elles m’accompagnent et qu’elles soient mes guides vers ta montagne sainte jusque dans ta demeure.
Alors j’avancerai jusqu’à l’autel de Dieu, vers toi, Dieu de ma joie et de mon allégresse. Alors je te louerai en m’accompagnant de la lyre. O Dieu: tu es mon Dieu !
Pourquoi donc, ô mon âme, es-tu si abattue et gémis-tu sur moi ? Mets ton espoir en Dieu ! Je le louerai encore, mon Sauveur et mon Dieu.

(Psaume 43, attribué à David, traduction Bible de Jérusalem)

Comme dans le psaume, l’œuvre peinte montre l’abattement, la tristesse, symbolisés par le dos courbé et les bras ballants du personnage. L’espoir est là pourtant, c’est le soleil rouge et doré qui a pris la place du cœur.

La connaissance des choses
La connaissance des choses
Huile sur toile, 65 cm x 54 cm
Paris, février 1976

La connaissance des choses

C’est une tempête de couleurs, très vives, jamais élémentaires : les noirs ne sont pas noirs, mais tachés de jaune, de vert, de bleu, pas du tout sinistres. Les blancs sont peu ‘sales’ (selon l’expression du peintre). Les rouges sont vermillon et carmin, plutôt sang. Les couleurs sont presque toutes “grattées”, laissant entrevoir, parfois même franchement voir la couleur de la couche sous-jacente, on distingue par endroits la trame de la toile.

Que distingue-t-on ? Une silhouette noire tendant les deux bras. On voit un étrange ciel rouge foncé, des formes rectangulaires noires, vertes, rouges, jaunes.

Le titre : « La connaissance des choses ». Qu’a voulu dire le peintre ? Parlait-il de la connaissance du monde ? Connaissance scientifique et philosophique ? Dans ce cas, pourquoi la silhouette noire ? Rien dans la peinture ne paraît confirmer cette interprétation. Voulait-il dire : « Je connais mon destin » ? On est en 1976, le peintre est mort 18 mois après avoir achevé cette peinture. Il sait qu’il a peu de temps à vivre. Il attend sa vieille connaissance, la Mort. Il ne la craint pas. Dernière hypothèse, proche de celle que nous venons d’envisager : le peintre, le soldat au passé si lourd va subir son jugement dernier. Il est debout, il a les mains tendues vers le « Juge » qui connaît toutes les choses ; il a confiance.

Arma virumque cano
Arma virumque cano
Huile sur toile, 92 cm x 73 cm
Paris, décembre 1975

Arma virumque cano

Montlaur reprend le premier vers de l’Énéide pour expliquer le sujet de sa peinture : il chante les faits d’arme du héros et son parcours après la guerre. Il n’y a pas, dans cette évocation, toute l’horreur du souvenir, pas de sang, peu de noir. Les couleurs, ici sont très inhabituelles, claires et vives et contrastent avec le brouillard vert et bleu du paysage. Au point focal de la peinture, on aperçoit une structure d’un jaune vif, solaire qui pourrait représenter Lavium, fondée par Énée l’ancêtre des jumeaux fondateurs de Rome.

Arma virumque cano, Troiae qui primus ab orisItaliam, fato profugus, Laviniaque venitlitora, multum ille et terris iactatus et altovi superum saevae memorem Iunonis ob iram;multa quoque et bello passus, dum conderet urbem,inferretque deos Latio, genus unde Latinum,Albanique patres, atque altae moenia Romae.

(Publii Vergili Maronis, Aeneidos liber primus, 1-7)

Je chante les combats, et ce héros, qui, longtemps jouet du Destin, aborda le premier des champs de Troie aux plaines d’Italus, aux rivages de Lavinie. Objet de la rigueur du Ciel et du long courroux de l’altière Junon, mille dangers l’assaillirent sur la terre et sur l’onde ; mille hasards éprouvèrent sa valeur, avant qu’il pût fonder son nouvel empire, et reposer enfin ses dieux au sein du Latium : du Latium, noble berceau des Latins, des monarques d’Albe, et de la superbe Rome.

(Virgile, Énéide, Chant 1-7)

(Traduction J.N.M. de Guerle., Delalain, 1825)

La peinture Arma virumque cano est la propriété du Musée National de la Seconde Guerre Mondiale (The National WWII Museum) à La Nouvelle Orléans en Louisiane.

Ma Désirade
Ma Désirade
Huile sur toile, 60 cm x 92 cm
Paris, décembre 1975

Ma Désirade

Incroyablement beau poème de Guillaume Apollinaire sur un amour passé. Le tableau laisse voir à travers un hublot la rade, les côtes de l’île pleurée ou peut-être la silhouette de la femme aimée ?

Voie lactée ô sœur lumineuse
Des blancs ruisseaux de Chanaan
Et des corps blancs des amoureuses
Nageurs morts suivrons-nous d’ahan
Ton cours vers d’autres nébuleuses

Regrets des yeux de la putain
Et belle comme une panthère
Amours vos baisers florentins
Avaient une saveur amère
Qui a rebuté nos destins

Ses regards laissaient une traîne
D’étoiles dans les soirs tremblants
Dans ses yeux nageaient les sirènes
Et nos baisers mordus sanglants
Faisaient pleurer nos fées marraines

Mais en vérité je l’attends
Avec mon cœur avec mon âme
Et sur le pont des Reviens-t’en
Si jamais reviens cette femme
Je lui dirai Je suis content

Mon cœur et ma tête se vident
Tout le ciel s’écoule par eux
O mes tonneaux des Danaïdes
Comment faire pour être heureux
Comme un petit enfant candide

Je ne veux jamais l’oublier
Ma colombe ma blanche rade
O marguerite exfoliée
Mon île au loin ma Désirade
Ma rose mon giroflier

(Alcools, La chanson du Mal-Aimé)

Zénon ! Cruel Zénon ! Zénon d’Élée !
Zénon ! Cruel Zénon ! Zénon d’Élée !
Huile sur toile, 93 cm x 65 cm
Franval, Août 1975

Zénon ! Cruel Zénon ! Zénon d’Élée !

Zénon ! Cruel Zénon ! Zénon d’Élée !
M’as-tu percé de cette flèche ailée
Qui vibre, vole, et qui ne vole pas !
Le son m’enfante et la flèche me tue !
Ah ! le soleil… Quelle ombre de tortue
Pour l’âme, Achille immobile à grands pas !
Non, non !… Debout ! Dans l’ère successive !
Brisez, mon corps, cette forme pensive !
Buvez, mon sein, la naissance du vent !
Une fraîcheur, de la mer exhalée,
Me rend mon âme… Ô puissance salée !
Courons à l’onde en rejaillir vivant.

(Paul Valéry, Cimetière marin)

Quatrain
Quatrain
Huile sur toile, 60 cm x 92 cm
Paris, mai 1975

Quatrain

L’étoile a pleuré rose au cœur de tes oreilles,
L’infini roulé blanc de ta nuque à tes reins
La mer a perlé rousse à tes mammes vermeilles
Et l’homme saigné noir à ton flanc souverain

(Quatrain d’Arthur Rimbaud)

Le peintre a réalisé - fait rare - une esquisse de cette peinture. Elle est intéressante car, beaucoup plus figurative que la peinture, elle permet de faire le lien entre celle-ci et le quatrain-poème de Rimbaud. Ainsi, l’oreille est évidente, comme les mammes, le roulé de la nuque aux reins. L’homme, lui, est difficilement identifiable. Dans le quatrain-peinture, les couleurs, si importantes pour le poète, ont été relativement respectées - à la license poétique près. Mais là, l’homme saigné noir apparaît sans équivoque.

Le peintre est fidèle au poète : l’œuvre est une ode à la beauté de la Femme, qui est déesse (étoile, infini, mer). L’Homme, saignant d’un sang noir, représente-t-il le Christ au flan transpersé?

La terre est bleue comme une orange
La terre est bleue comme une orange
Huile sur papier sur isorel, 55 cm x 46 cm
Rothéneuf, juillet 1974

La terre est bleue comme une orange

Cette peinture respire la félicité et le calme que Montlaur retrouvait à Rothéneuf. Voit-on une tête penchée, la tête de l’aimée ? Le ciel breton a pris le bleu des yeux de Gala.

La terre est bleue comme une orange
Jamais une erreur les mots ne mentent pas
Ils ne vous donnent plus à chanter
Au tour des baisers de s’entendre
Les fous et les amours
Elle sa bouche d’alliance
Tous les secrets tous les sourires
Et quels vêtements d’indulgence
À la croire toute nue.

Les guêpes fleurissent vert
L’aube se passe autour du cou
Un collier de fenêtres
Des ailes couvrent les feuilles
Tu as toutes les joies solaires
Tout le soleil sur la terre
Sur les chemins de ta beauté.

(Paul Eluard, L’amour la poésie, 1929)

Le soleil du détroit de Messine
Le soleil du détroit de Messine
Huile sur toile, 92 cm x 65 cm
Paris, janvier 1974

Le soleil du détroit de Messine

Le peintre devait avoir en tête le choix tragique d’Ulysse qui sacrifia une partie de son équipage en préférant passer à proximité de Scylla plutôt que de Charybde. Le tableau représente bien le héros, debout sur son navire, les violentes vagues du détroit et le soleil rouge et or. Les têtes noires de Scylla arrachent et dévorent les corps de ses compagnons.

L’étoile se lève claire sur un matin sale
L’étoile se lève claire sur un matin sale
Huile sur papier sur bois, 55cm × 46cm
Paris, janvier 1974

L’étoile se lève claire sur un matin sale

Les couleurs sont moins violentes que de coutume, presque pastel ; elles sont appliquées par couches successives qui sont grattées au couteau à palette laissant apparaître d’extraordinaires superpositions. La forme est très construite. On voit l’étoile exploser au milieu de ce tableau et l’inonder de son rayonnement. On sent très bien l’évolution de la technique du peintre durant les dix dernières années de sa vie.

La licorne et le capricorne
La licorne et le capricorne
Huile sur toile, 100 cm x 81 cm
Paris, janvier 1974

La licorne et le capricorne

Les satyres et les pyraustes
Les égypans les feux follets
Et les destins damnés ou faustes
La corde au cou comme à Calais
Sur ma douleur quel holocauste

Douleur qui doubles les destins
La licorne et le capricorne
Mon âme et mon corps incertains
Te fuient ô bûcher divin qu’ornent
Des astres des fleurs du matin

(Guillaume Apollinaire, Alcools, La chanson du Mal-Aimé, Voie lactée)

La Licorne et le Capricorne, peinte en 1974, trois ans avant sa mort, fait partie des peintures les plus achevées de Montlaur. La technique qu’il a acquise lui permet d’exprimer sur la toile ce qu’il ne pouvait dire avec des mots. Il écrit : « (La peinture) m’apparut comme le moyen justement de dire ces choses importantes dont nous ne pouvions parler ». Il rajoute : « je ne comprends pas [que les gens] ne puissent deviner toute la détresse qui est là, sous les yeux, comme elle était à la guerre : la clameur, la mort, l’amour, la trahison, le mensonge et la peur. Et beaucoup plus encore que je ne puis dire, mais que je sais faire. Je dis bien : je sais faire. » (Petits écrits de nuit)

Apollinaire, déjà, avait expliqué que la peinture de Picasso était un « admirable langage que nulle littérature ne peut indiquer, car nos mots sont faits d’avance. Hélas ! » (Journal intime).

Dans le poème, Apollinaire reproche à sa douleur de « doubler » ses destins, c’est-à-dire de faire fuir son âme – la licorne – de son corps – le capricorne. La douleur étant l’amour, bûcher divin qui dure toute la nuit (des astres aux fleurs).

On retrouve ces symboles dans la peinture : le capricorne est la silhouette verte, vue de profil, en haut et à gauche du tableau. La licorne a la forme d’un cœur, rouge, bleu et blanc à droite du centre de la peinture. La douleur-bûcher est la tache de lumière jaune-vif et rouge dans le quart supérieur droit. On devine une forme (un cheval noir ?) et des créatures difficilement identifiables dans le bas du tableau.

La nuit d’Aurélia
La nuit d’Aurélia
Huile sur toile, 60 cm x 73 cm
Paris, 1963 - 1974

La nuit d’Aurélia

Montlaur avait une grande admiration pour Gérard de Nerval. Plusieurs peintures font référence à la mort tragique du poète : « La nuit du 25 janvier 1855 rue de la vieille Lanterne » et « La mort du poète », ainsi qu’à ses œuvres écrites juste avant qu’il ne se suicide: « Je suis l’inconsolé », « Les filles du feu » et « La nuit d’Aurélia ».
Le poème en prose « Aurélia ou le rêve et la vie » narre les rêves-hallucinations de Nerval, et son amour pour Aurélia, morte, qu’il ne peut rencontrer qu’aux Enfers. Il dit sa propre folie ce qui, selon Albert Béguin, est un acte poétique par excellence (L’âme romantique et le rêve, José Corti, 1939, p.358). Nerval mentionne traduire ses souvenirs en traçant des dessins coloriés – « séries de fresques » – qu’il accroche sur le mur de sa chambre d’hôpital. La frontière entre rêve (délire) et réalité (lucidité) est toujours floue, incertaine. Montlaur ne pouvait qu’être touché par les descriptions du poète.
L’abstraction permet au peintre-lecteur de transmettre sa perception d’« Aurélia » au spectateur du tableau « La nuit d’Aurélia ». Là, il maîtrise parfaitement l’art de reproduire le flou des formes et des couleurs. L’hallucination-folie envahit tout le tableau, on perçoit des formes humaines en premier plan « Les contours de leurs figures variaient comme la flamme d’une lampe, et à tout moment quelque chose de l’une passait dans l’autre ; le sourire, la voix, la teinte des cheveux, la taille, les gestes familiers, s’échangeaient comme si elles eussent vécu de la même vie, et chacune était ainsi un composé de toutes. » (Aurélia, Coll. Le livre de poche, p.27). En arrière-plan, une étoile géante – Aurélia métamorphosée ? – aux bras protecteurs. Un ciel nuit-noire.

Gnose
Gnose
Huile sur toile, 92 cm × 60 cm
Paris, mars 1960 - janvier 1974

Gnose

Gnose γνῶσις, (connaissance). Selon cette approche philosophique, le salut de l’âme n’est possible que par la connaissance de la divinité, et par là, de la connaissance de soi-même. Montlaur avait certainement en tête les « Gnossiennes » d’Erik Satie qu’il lui arrivait d’écouter lorsqu’il peignait. Il avait une grande admiration pour l’œuvre de Satie, l’ami d’Apollinaire. « Gnose » - la peinture - a été réalisée en deux fois, commencée en 1960, terminée en 1974. On reconnaît bien le geste très dynamique de ses années 1960, la finition, elle, apporte une richesse chromatique que l’on retrouve dans toutes ses peintures des dernières années. Pour Montlaur, la connaissance du plus profond de soi, n’a été rendue possible, ironiquement, que par l’éclatement de sa boîte crânienne; la gnose est devenue autopsie. On aperçoit le contour blanc de la tête et du cou et l’éclat d’obus, carré, noir, qui pénétra dans la joue droite du commando Montlaur le matin du 1er novembre 1944, lors du débarquement allié de Flessingue en Hollande. Cette blessure le fit souffrir toute sa vie, des fragments de métal ayant envahi les sinus et les yeux du peintre.

Ecoutez les « Gnossiennes »

Peinture ambigüe et figurative de Saint Christophe - ou - There are Things that it would be far Better not to Know
Peinture ambigüe et figurative de Saint Christophe - ou - There are Things that it would be far Better not to Know
Huile sur papier sur bois, 55 cm x 46 cm
Paris, janvier 1974

Peinture ambigüe et figurative de Saint Christophe - ou - There are Things that it would be far Better not to Know

On distingue bien, en arrière-plan, la rivière traversée par le saint, la croix derrière lui. La tête ressemble étonnamment à celle du peintre ; celui-ci s’est-il représenté dans le tableau ?

Et pourquoi cette phrase sibylline « There are things that it would be far better not to know » (Il y a des choses qu’il vaudrait bien mieux ne jamais connaître) ? De quoi parle le peintre ? Des souvenirs passés ? Choses indicibles mais représentables sur la toile à condition qu’elles soient ambiguës et abstraites.

La mort dans l’âme
La mort dans l’âme
Huile sur toile, 195 cm x 114 cm
Paris, novembre 1973

La mort dans l’âme

Que de désolation dans cette peinture au titre si explicite ! L’œuvre, elle, laisse place à l’imagination de l’observateur, elle l’impose, même. Est-ce le peintre que l’on voit , debout, les épaules basses ? Le bleu de son dos et ses bras contrastent avec le noir des silhouettes sinistres qui l’entourent. Contraste également avec les toits ocre rouge de la ville, et avec les montagnes, derrière, aux couleurs irréelles.

Facies personae
Facies personae
Huile sur toile, 81 cm x 54 cm
Paris, mai 1973

Facies personae

« Facies personae» pourrait être traduit par « silhouette d’une personne » ou « masque de personnage ». Nous avons très peu d’éléments qui nous aideraient à bien décrypter cette peinture. Une amie résistante du peintre, Jacqueline Péry d’Alincourt, qui avait été déportée au camp de concentration de Ravensbrück (d’avril 1944 à avril 1945) et avait survécu, lui avait dit qu’elle retrouvait dans cette peinture des fragments de sa mémoire du camp : silhouettes de déportées, cheminée fumante des fours crématoires en haut du tableau. On voit bien sûr, un masque sans vie qui occupe tout le centre du tableau. À noter le fond noir de la scène, sauf le ciel qui est d’un jaune noirci par la fumée issue des fours.

Es war ein wunderlicher krieg
Es war ein wunderlicher krieg
Huile sur toile, 65 cm x 81 cm
Paris, janvier1973

Es war ein wunderlicher krieg

Le titre donné au tableau est le premier vers de la 5e strophe de la cantate BWV n°4 de Jean-Sebastien Bach « Christ Lag in Todes Banden » (Le Christ gisait dans les liens de la mort). Le musicien y célèbre la victoire de la vie sur la mort au cours d’une guerre étrange. Bach a repris un texte écrit par Martin Luther en 1524.

Le peintre-soldat, inspiré par l’œuvre musicale, reproduit sur la toile la scène de guerre, sa guerre, il peint le combat au corps à corps des forces du bien – formes bleues – contre celles du mal – noires – au milieu des flammes vermillon.

Le texte de la 5e strophe de la cantate est le suivant :

Es war ein wunderlicher Krieg,
Da Tod und Leben rungen,
Das Leben behielt den Sieg,
Es hat den Tod verschlungen.
Die Schrift hat verkündigt das,
Wie ein Tod den andern fraß,
Ein Spott aus dem Tod ist worden.
Halleluja!

Ce fut une étrange guerre
Qui opposa la mort à la vie,
La vie a remporté la victoire,
Elle a anéanti la mort.
L’écriture a annoncé
Comment une mort supprima l’autre,
La mort est devenue une dérision.
Alléluia !

(Traduction française par Walter F. Bishof)

Pour écouter Es war ein wunderlicher Krieg

One June Early Morning
One June Early Morning
Huile sur papier sur contreplaqué, 46 cm x 55 cm
Rothéneuf (Ille et-Vilaine), Juillet 1972

One June Early Morning

(Un jour de juin, tôt le matin)

Le tableau évoque le débarquement du sergent de Montlaur le matin du 6 juin 1944. Sa construction est très soignée, quasi géométrique . Le peintre utilise les diagonales pour figurer les chevaux de frises métalliques qui défendaient la plage. La peinture est dynamique : on imagine le soldat remontant la plage en courant, les balles ennemies frappant le sable autour de lui. On voit un tourbillon blanc symbolisant le mouvement, peut-être la chute d’un corps ou le souffle d’une explosion. Comme dans le tableau “Souvenir normand”, peint à quelques jours d’intervalles, les couleurs, vives, symbolisent le sang -rouge, le feu -jaune, le métal -noir.

Souvenir normand
Souvenir normand
Huile sur papier sur bois, 46 cm x 55 cm
Rothéneuf, juillet 1972

Souvenir normand

Le peintre se remémore 28 ans plus tard, la journée du 6 juin 1944 quand il débarqua sur les terres françaises, à Colleville-sur-Orne (maintenant Colleville-Montgomery). Il voit fulgurances, explosions, éclats de métal noir et de sang. La mer est en bas le ciel en haut. La peinture est très dynamique comme si le peintre avait reproduit les mouvements autant que les couleurs.

Actus Tragicus
Actus Tragicus
Huile sur toile, 92 cm x 60 cm
Paris, janvier1972

Actus Tragicus

Montlaur peignait toujours en musique et la plupart du temps, il écoutait Jean-Sébastien Bach. Le titre de la peinture est celui de la cantate BWV 106 « Gottes Zeit ist die allerbeste Zeit » (Le temps de Dieu est le meilleur des temps), une œuvre courte composée lorsque Bach avait environ 23 ans. Le thème est celui de la mort qui arrive au moment choisi par Dieu. Les flûtes à bec sont particulièrement émouvantes. Les voix consolent mais demeurent d’une grande tristesse.

Est-ce le mort que l’on distingue, ombre noire d’une tête derrière un rideau de larmes grises et blanches qui coulent abondamment ? On aperçoit une lumière au centre du tableau : lueur d’espoir et de confiance qu’est la mort ouvrant la voie au paradis, donc au bonheur.

Pour écouter Actus Tragicus

Pseudo-métabolisme
Pseudo-métabolisme
Huile sur papier sur bois, 38 cm x 46 cm
Paris, septembre 1971

Pseudo-métabolisme

Le peintre se sent-il atteint d’une affection qu’il ne maîtrise pas ? On aperçoit au centre de la peinture une forme noire englobant, écrasant un cœur écarlate. Peut-on interpréter ceci comme les souvenirs de guerre (l’information ou le « matériau » au sens de Fritz Perls, fondateur de la gestalt thérapie) qui ne sont pas assimilés (« métabolisés ») et sont projetés sous forme d’agressivité ? J’imagine que Montlaur a pu discuter de Perls avec son ami le professeur André-Dominique Nenna, médecin et collectionneur, grand amateur de peinture, celle de Montlaur en particulier.

Anchise
Anchise
Huile sur toile, 116 cm x 89 cm
Paris, janvier 1971

Anchise

Énée porte son père Anchise pour s’échapper de Troie en flammes. On peut imaginer Énée en bleu portant le massif Anchise, en blanc et noir. Le ciel est rougi par l’incendie de la ville.

Automne
Automne
huile sur toile, 92 cm x 73 cm
Paris, janvier 1970

Automne

Dans le brouillard s’en vont un paysan cagneux
Et son bœuf lentement dans le brouillard d’automne
Qui cache les hameaux pauvres et vergogneux

Et s’en allant là-bas le paysan chantonne
Une chanson d’amour et d’infidélité
Qui parle d’une bague et d’un cœur que l’on brise

Oh! l’automne l’automne a fait mourir l’été
Dans le brouillard s’en vont deux silhouettes grises

(Guillaume Apollinaire, Alcools, Automne)

Le poète décrit un triste paysage d’automne, un paysan cagneux et son bœuf suivent la route dans le brouillard, il pleure un amour perdu.

Le peintre lui, fait probablement référence à son propre automne. Le paysage est sombre, le sol est terreux, recouvert de feuilles brunes et rouges. Le paysan et en bas du tableau, il a les bras écartés (un bleu, un rouge), il est derrière son bœuf à la croupe noire. On aperçoit au loin les hameaux noirs sur fond de ciel vert. Le soleil est rouge sang.

Il dort
Il dort
Huile sur toile, 80,5 cm x 65 cm
Paris, juin 1969

Il dort

Il dort est un hommage du peintre-soldat à un autre soldat , anonyme, du 45ème Royal Marines Commando, tué au combat dans les jours qui suivirent le 6 juin 1944, en Normandie. Dans cette peinture très dure, Montlaur ne fait pas que référence à Rimbaud, il reprend à la lettre la description donnée par le poète, couleurs comprises.

Le dormeur du val
C’est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D’argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l’herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

(Arthur Rimbaud, Le dormeur du val)

Sur la route, vers Sallenelles, un ami
Sur la route, vers Sallenelles, un ami
huile sur papier sur toile, 37 cm x 30,5 cm
Paris, avril 1969

Sur la route, vers Sallenelles, un ami

Dans les jours qui suivirent le débarquement de Normandie, le sergent de Montlaur et ses camarades du 1er BFMC (Bataillon de Fusiliers Marins Commandos appelé « Commando Kieffer ») participèrent à d’intenses et violents combats contre les troupes allemandes stationnées à proximité de Sallenelles et du Bois de Bavent au nord de l’Orne.

Le peintre ne pourrait être plus réaliste : l’impact de la balle ou d’un éclat d’obus en plein front, le sang qui a coulé de la blessure mortelle, l’aspect verdâtre, bleu et terreux du visage sont reproduits dans ce tableau dans toute leur horreur.

Pourquoi « un ami » ? L’homme a un béret, un béret vert de commando. C’est certainement un des camarades commando de Montlaur. Probablement l’un de ceux qui furent tués le 10 ou 11 juin autour d’Amfreville.

Lonesome October
Lonesome October
Huile sur toile, 65 cm x 92 cm
Paris, novembre 1968

Lonesome October

(Octobre solitaire)

Le château de Montlaur vu par Montlaur en 1968. Le peintre a représenté la façade renaissance du château avec la chapelle et son toit rouge, l’entrée majestueuse surmontée de la fenêtre à croisée.

Le château de Montlaur (11e siècle) est le berceau de la Maison de Montlaur. Cette place forte catholique fut assiégée par les troupes protestantes d’Henry, duc de Rohan et prise le lundi de Pâques, 28 mars 1622. Les fortifications furent canonnées et rasées, le château pillé et incendié et la garnison massacrée – selon des sources catholiques, les corps furent dévorés par les chiens ou laissés à pourrir. Le seigneur, François de Montlaur-Bousquet fut emprisonné à Sommières et libéré sous caution. Un début de reconstruction dont celle de la chapelle et de la façade principale fut entamé vers 1630 mais rapidement arrêté en raison de l’opposition de Richelieu.

Je vous demande pardon, ma Mère Courage
Je vous demande pardon, ma Mère Courage
Huile sur papier sur bois, 38 cm x 55 cm
Dinard, août 1968

Je vous demande pardon, ma Mère Courage

C’est un paysage de tempête et de malheur. Le sol est noir, marqué par le feu. La mère – forme noire – tient sa fille morte – forme blanche aux cheveux roux – dans ses bras.

Le peintre s’identifie aux soldats meurtriers et réclame son pardon à la mère.

L'abbaye de Thélème
L'abbaye de Thélème
Huile sur isorel, 55 cm x 38 cm
Dinard - Paris, août - novembre 1967

L'abbaye de Thélème

« Le bastiment feut en figure exagone, en telle faczon que à chascun angle estoyt bastie une grosse tour ronde à la capacité de soixante pas en diametre, et estoient toutes pareilles en grosseurs et portraict. La riviere de Loyre decoulloyt sus l’aspect de Septentrion. Au pied d’icelle estoyt une des tours assise, nommée Artisse. »

(François Rabelais, Gargantua, édition Mireille Huchon, Paris, Gallimard, 2007, p.459).

L’abbaye occupe le centre d’attraction du tableau. Sa forme est triangulaire plutôt qu’hexagonale, on distingue bien les tours rondes ainsi que la Loire. La peinture est équilibrée et reflète la joie de vivre des moines de l’abbaye.

Hypostase d’un peintre singulier … et peut-être universel
Hypostase d’un peintre singulier … et peut-être universel
Huile sur toile, 73 cm x 54 cm
Paris, juin 1967

Hypostase d’un peintre singulier … et peut-être universel

Hypostase : (ὑπόστασις) action de se placer (στάσις) en dessous (ὑπό-) = fondement, substance première.

Le peintre est hermétique, comme souvent; parle-t-il de son âme engendrée – ou non – par son intellect ? Croit-il pouvoir atteindre la beauté (… universelle) par le biais de l’abstraction ? Son tableau ne l’est pas moins, hermétique : au premier plan, on aperçoit une silhouette à la chevelure rouge, humble, l’auteur; au-dessus de celle-ci, une autre forme, menaçante et violente, toute de feu et de lumière sous un ciel ténébreux.

Souvenez-vous
Souvenez-vous
Huile sur toile, 61 cm x 46 cm
Paris, janvier 1967

Souvenez-vous

La peinture est forte et sereine. On aperçoit un sphinx, majestueux, puissant et patient. Il est enveloppé de lumière et de feu.

De quoi, de qui faut-il se souvenir ? Que regarde le sphinx ? Nous protège-t-il ?

Du sang sur la route
Du sang sur la route
Huile sur isorel, 61 cm x 38 cm
Dinard, août 1966

Du sang sur la route

Un épisode tragique va profondément et pour longtemps marquer le peintre. En août 1966, Montlaur est en vacances en Bretagne. La voiture dont il est passager heurte un jeune garçon en mobylette. Il lui porte assistance et reste auprès de lui un long moment, lui parlant , essayant de le rassurer. Mais le garcon meurt.

L’horreur du tableau n’a pas besoin d‘être décrite.

On commence à comprendre - ou - On n'a jamais rien compris
On commence à comprendre - ou - On n'a jamais rien compris
Huile sur isorel, 38 cm x 61 cm
Dinard, juillet 1966

On commence à comprendre - ou - On n'a jamais rien compris

Les formes, ici, ne sont plus disposées géométriquement - contrairement aux peintures plus anciennes. On pensait avoir compris, tout est flou maintenant, mais l’harmonie est intacte, les couleurs sont fortes et contrastées. On est en Bretagne, la mer est agitée, bleue et verte, les rochers sont sinistres.

Hommage à Gustave Courbet
Hommage à Gustave Courbet
Huile sur toile, 38 cm x 61 cm
Paris, décembre 1964 - juin 1965

Hommage à Gustave Courbet

Comment ne pas voir « L’origine du Monde » dans cette peinture ?

Montlaur avait une grande admiration pour l’œuvre de Gustave Courbet et pour l’homme, en particulier sa participation à la Commune de Paris (du 18 mars au 28 mai 1871). Il faut rappeler que Courbet fut élu de la Commune et y fut président de la Fédération des Artistes. Il permit, entre autres, la protection des œuvres du Louvre.

La chute d'Icare
La chute d'Icare
huile sur isorel, 55 cm x 46 cm
Paris, mars 1965

La chute d'Icare

Montlaur a repris le titre d’un tableau de Brueghel l’Ancien. L’original, peint vers 1558 a disparu. Deux copies sont connues dont l’une (ci-dessous) a été datée de 1583; elle est exposée au Musée Van Buuren à Bruxelles.

Si l’on examine de près le tableau de Brueghel, on voit, entre le navire et le pêcheur à la ligne, les jambes du malheureux Icare en train de se noyer (détail dans l’image ci-dessous).

Le tableau de Montlaur est beaucoup plus violent que celui de Brueghel. Les jambes du néo-aéronaute sont bien visibles au milieu des flots tumultueux bleus et verts : ce sont les formes noires visibles dans la moitié inférieure du tableau.

Sans titre
Sans titre
Huile sur isorel, 55 cm x 46 cm
Paris, mars 1965

Sans titre

Le style de Montlaur a évolué : il est plus construit, plus réfléchi. Ici, la peinture est beaucoup moins violente que précédemment. Les couleurs sont plus pâles et les formes polygonales. Il n’y a plus de glacis pour superposer les couleurs, les couches supérieures sont grattées au couteau à palette pour faire apparaître un spectaculaire jeu de couleurs.

Avant le déluge
Avant le déluge
Huile sur isorel, 55 cm x 46 cm
Paris, février 1965

Avant le déluge

Le peintre évoque les présages de la guerre qui changea le cours de sa vie : de l’insouciant étudiant-peintre, il est devenu soldat, il a découvert les combats, le sang, le feu, la mort, le chaos. C’est ce chaos qu’il représente dans une peinture abstraite mais tellement expressive. Les formes et les contours sont difficiles à cerner, ils semblent cacher une tête aux cheveux embrasés, le ciel est noir d’un côté, en feu de l’autre. On n’y voit pas d’optimisme, mais une réalité de l’horreur à venir.

Portrait de femme
Portrait de femme
Huile sur isorel, 61 cm x 38 cm
Paris , décembre 1964

Portrait de femme

Magnifique portrait de femme, pleine de vie.

Le bord de mer
Le bord de mer
Huile sur isorel, 38 cm x 55 cm
Dinard, août 1964

Le bord de mer

Peinture un peu figurative de la côte bretonne. On y voit la mer, le sable, un ciel noir parcouru d’oiseaux. Un bateau à voile rouge ?

Le jugement de Pâris
Le jugement de Pâris
Huile sur toile, 33 cm x 55 cm
Paris, février 1964

Le jugement de Pâris

Montlaur s’est inspiré du « Jugement de Pâris » attribué à Giulio Romano (Jules Romain), peintre italien 1499 – 1546, disciple de Raphaël. On peut même parler d’une copie « abstractisée ». Les trois déesses Aphrodite, Athéna et Héra sont sur le point de voir l’une d’entre elles, Aphrodite, être déclarée la plus belle déesse de l’Olympe par le berger Pâris, et recevoir la pomme. Dans la peinture de Montlaur, on voit le corps dénudé d’Aphrodite assise au pied d’arbres massifs, on distingue Athéna debout, et Héra avec les volutes de son écharpe. L’arrière-plan est également reproduit : le ciel et le paysage au loin, bleu-vert , l’ocre clair de la terre.

Où sont mes amis morts ?
Où sont mes amis morts ?
Huile sur isorel, 61 cm x 38 cm
Paris, septembre 1963

Où sont mes amis morts ?

Foule de visages ensanglantés de camarades morts, cauchemar récurrent du peintre qui revit sans cesse ses combats.

Surtout ne pas oublier !

Mater Dei
Mater Dei
Huile sur toile, 73 cm x 60 cm
Paris, février 1963

Mater Dei

La peinture est sereine, humaine, profondément douce et triste. Le bleu prédomine dans l’arrière plan. Le blanc joue un rôle fondamental et peu habituel pour Montlaur, il adoucit les traits de la vierge et, avec le noir, apporte du volume au portrait. Le rouge est rare - sauf les lèvres, étonnamment.

Montlaur écrit : « J’ai compris que pour moi (la peinture) était plus “allusive” qu’aucun autre mode d’expression. La musique et le verbe (dit ou écrit) le sont évidemment autant pour d’autres. La différence en ce qui concerne la peinture est qu’elle me concerne directement. J’eus la révélation que je pouvais exprimer le mystère, mon mystère, par la peinture, ma peinture » (Petits écrits de nuit, 1961).

L'ombre d'Anchise
L'ombre d'Anchise
Huile sur isorel, 61 cm x 38 cm
Dinard, juillet 1962

L'ombre d'Anchise

Énée accompagné de la sibylle de Cumes descend aux enfers pour ramener son père Anchise. Ce dernier lui présente ses descendants : Romulus et Remus, Pompée, César et Auguste . Il refuse de remonter au monde des vivants. (Enéide, livre VI).

Portrait par lui-même d'un peintre aveugle
Portrait par lui-même d'un peintre aveugle
Huile sur isorel, 61 cm x 38 cm
Paris, juillet 1962

Portrait par lui-même d'un peintre aveugle

Montlaur, tout en autodérision, continue d’expérimenter sa technique des couleurs. Il utilisera les glacis sur toutes ses œuvres futures. Le fond noir, celui de ses nuits et de ses souvenirs, restera omniprésent.

Cosmogonie pratique
Cosmogonie pratique
Huile sur toile, 73 cm x 92 cm
Paris, mai 1962

Cosmogonie pratique

Version montlaurienne de la création du monde. À noter l’étoile qui nait de la terre sous un ciel radieux.

My castle at Dusk
My castle at Dusk
Huile sur isorel, 33 cm x 55 cm
Dinard, juillet - août 1961

My castle at Dusk

(Mon château au crépuscule)

Le tableau fut peint l’été, en Bretagne. Les formes et couleurs sont apaisées mais témoignent néanmoins de la mélancolie du paysage crépusculaire marin.

La promesse des fleurs
La promesse des fleurs
Huile sur toile, 73 cm x 92 cm
Paris, juin 1961

La promesse des fleurs

Le peintre reprend les mots de Malherbe dans la « Prière pour le Roy Henry le Grand » où le poète célèbre la paix enfin ramenée au pays par le roi Henri IV. Les couleurs restent violentes, les formes noires sont menaçantes, comme des souvenirs douloureux qui ne s’effacent pas.

Nous ne reverrons plus ces fâcheuses années
Qui pour les plus heureux n’ont produit que des pleurs.
Toute sorte de biens comblera nos familles,
La moisson de nos champs lassera les faucilles,
Et les fruits passeront la promesse des fleurs.
La fin de tant d’ennuis dont nous fûmes la proie
Nous ravira les sens de merveille et de joie ;

(François de Malherbe, 1605)

Souvenir d'un meurtre
Souvenir d'un meurtre
Huile sur papier sur bois, 31 cm x 21.5 cm
Dinard, juillet 1960

Souvenir d'un meurtre

De quel meurtre s’agit-il ? On ne sait pas. On voit la croix bien sûr, le brun de la terre, de la boue, le vert de la décomposition, le rouge du sang. Le peintre décrit l’horreur d’un souvenir, de guerre certainement.

L'espoir a fui
L'espoir a fui
Huile sur toile, 92.5 cm x 60 cm
Paris, mars 1960

L'espoir a fui

Le peintre cite Verlaine qui, dans son Colloque Sentimental, se rappelle son amour passé.
Dans le tableau, les formes sont froides et sanglantes, elles transpercent le ciel noir.

Dans le vieux parc solitaire et glacé
Deux formes ont tout à l’heure passé.

Leurs yeux sont morts et leurs lèvres sont molles,
Et l’on entend à peine leurs paroles.

Dans le vieux parc solitaire et glacé
Deux spectres ont évoqué le passé.

- Te souvient-il de notre extase ancienne?
- Pourquoi voulez-vous donc qu’il m’en souvienne?

- Ton cœur bat-il toujours à mon seul nom?
Toujours vois-tu mon âme en rêve? - Non.

Ah ! les beaux jours de bonheur indicible
Où nous joignions nos bouches ! - C’est possible.

- Qu’il était bleu, le ciel, et grand, l’espoir !
- L’espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir.

Tels ils marchaient dans les avoines folles,
Et la nuit seule entendit leurs paroles.

(Paul Verlaine, Colloque sentimental)

On a brûlé les ruches blanches
On a brûlé les ruches blanches
Huile sur toile, 61 cm x 38 cm
Paris, janvier 1960

On a brûlé les ruches blanches

Depuis qu’il peint, Montlaur trouve son inspiration dans l’œuvre de Guillaume Apollinaire, le poète le plus proche de lui au sens figuré, mais aussi physiquement : il garda sur lui le livre « Alcools » pendant toute la guerre, et en particulier lorsqu’il débarqua sur les plages normandes, le 6 juin 1944.

Et toi qui me suis en rampant
Dieu de mes dieux morts en automne
Tu mesures combien d’empans
J’ai droit que la terre me donne
O mon ombre ô mon vieux serpent

Au soleil parce que tu l’aimes
Je t’ai menée souviens-t’en bien
Ténébreuse épouse que j’aime
Tu es à moi en n’étant rien
Ô mon ombre en deuil de moi-même

L’hiver est mort tout enneigé
On a brûlé les ruches blanches
Dans les jardins et les vergers
Les oiseaux chantent sur les branches
Le printemps clair l’Avril léger

(Guillaume Apollinaire, Alcools, La chanson du Mal-Aimé, Voie lactée)

Comme dans Sainte-Fabeau et La licorne et le capricorne, le peintre reproduit sur la toile les vers de La chanson du mal-Aimé. Ici, le poète demande à son ombre, « sa ténébreuse épouse », de combien d’empans de terre il aura besoin pour creuser sa tombe. Mais l’hiver est mort, les ruches ont gelé et brûlent, les oiseaux chantent, c’est le printemps.

On reconnait bien la ruche blanche, les flammes jaunes et rouges, le ciel bleu. On reconnait également les quelques empans de terre en bas du tableau.

Stabat Mater
Stabat Mater
Huile sur toile, 73 cm x 50 cm
Paris, décembre 1959

Stabat Mater

Les images se superposent, la vierge Marie le visage envahi par la douleur et la tête pleine de souffrance du Christ sur la croix. Une fusion s’opère entre la mère et le fils et on hésite, qui est qui ?
On les voit mieux en écoutant le Stabat Mater de Pergolèse que Montlaur aimait se passer lorsqu’il peignait. L’émotion de la musique est la même qui transperce de la toile, abstraite si on ne “voit” pas.
Le mystère est profond.

Cette peinture se trouve chez les Pères Passionistes de l’église Saint Joseph, 50 avenue Hoche à Paris

Pour écouter le Stabat Mater : https://www.youtube.com/watch?v=xHQVtYzjLao&ab_channel=TerryTirlipirli (Pergolesi - Stabat mater, Margaret Marshall, Lucia Valentini Terrani, London Symphony Orchestra - Deutsche Grammophon )

Ascendance à la nuit
Ascendance à la nuit
Huile sur toile, 81 cm x 54 cm
Paris, décembre 1959

Ascendance à la nuit

En 1959 le peintre aborde sa période lyrique. Les formes sont dynamiques, les couleurs contrastées sont violentes, chargées de souvenirs douloureux.

In limine
In limine
Huile sur toile, 161 cm x 113 cm
Paris, octobre 1958

In limine

Le peintre maîtrise techniquement les couleurs dont il expérimente les juxtapositions. Les formes sont vivantes… animales ? Violentes.

Ciel strié d'oiseaux
Ciel strié d'oiseaux
Gouache, 31.5 cm x 41.5 cm
Île de Ré, juillet 1956

Ciel strié d'oiseaux

Période expressionniste.

Les oiseaux, tels des Stukas sont noirs et menaçants , ils ont envahi le ciel qui explose de couleurs fulgurantes. Les cauchemars ne quittent plus les nuits du peintre.

La gloire du matin
La gloire du matin
Huile sur toile, 50 cm x 61 cm
Fontainebleau, avril 1955

La gloire du matin

Période « Fontainebleau ».

Le peintre se remémore 17 ans plus tard les hauts fourneaux de Forbach qu’il a vus en 1938 lorsqu’il faisait son service militaire au 18e de chasseurs à Saint-Avold en 1938.

Sainte-Fabeau
Sainte-Fabeau
Huile sur toile, 100 cm x 81 cm
Fontainebleau, mars 1955

Sainte-Fabeau

Ce tableau est représentatif de la période où Montlaur vivait à Fontainebleau. Ce style caractéristique succède au style « abstrait-géométrique » du début des années 50 où formes et couleurs sont parfaitement définies et bien délimitées. Le peintre, après avoir « couvert la toile » , comme il dit, substitue le couteau à palette au pinceau : il casse les contours, les déforme, gratte les couches de peintures pour faire apparaître la ou les couleurs sous-jacentes, les formes résultantes deviennent des créatures fantomatiques, fantastiques, de sombres habitants de ses cauchemars incessants, de ses souvenirs de guerre.

Le titre de la peinture, provient du poème de Guillaume Apollinaire « Les sept épées ». Sainte-Fabeau est la cinquième de ces épées.

La cinquième Sainte-Fabeau
C’est la plus belle des quenouilles
C’est un cyprès sur un tombeau
Où les quatre vents s’agenouillent
Et chaque nuit c’est un flambeau

(Guillaume Apollinaire, Alcools, La chanson du Mal-Aimé, Les sept épées)

Dans cette strophe, c’est la mort qui est évoquée : la quenouille dans les mains de la Parque, le cyprès, le tombeau. L’épée peut être l’un des sept péchés capitaux ou l’un des glaives ayant transpercé le cœur de la Vierge. Comme toujours, Apollinaire joue sur le sens des mots, de même, le peintre joue sur la lumière, les couleurs et les formes de ses créations.

On voit, couchée dans le bas du tableau une forme grise avec un croix rouge, est-ce le tombeau ? d’autres formes, blanches tombent du ciel, d’autres, bleues et noires, agenouillées sont les quatre vents. Montlaur connaissait parfaitement tous les poèmes d’Alcools, il est certain qu’il a voulu reproduire fidèlement dans sa peinture les mots hermétiques du poète.

Divertissement pour la nuit de Janvier
Divertissement pour la nuit de Janvier
Huile sur toile, 61 cm x 46 cm
Fontainebleau, mars 1955

Divertissement pour la nuit de Janvier

Montlaur fait à nouveau référence à la fin tragique de Nerval, son suicide Rue de la Vieille Lanterne à Paris, la nuit du 25 au 26 janvier 1855. C’était quelques jours après la publication de la première partie d’Aurélia où il relatait ses rêves prémonitoires.

Le peintre est en pleine période “Fontainebleau” : il utilise presqu’exclusivement le couteau à palette et joue sur les superpositions des couches de couleurs différentes en grattant celles-ci. Les formes de couleurs vives semblent emprisonnées dans un monde noir d’encre.

Le rêve de Nerval
Le rêve de Nerval
Huile sur toile, 60 cm x 72 cm
Fontainebleau, janvier 1955

Le rêve de Nerval

Montlaur fait références aux rêves hallucinatoires décrits par Gérard de Nerval dans Aurélia. Ces rêves, à la limite de l’imaginé et du réel, et leur publication précédèrent de peu la mort par suicide du poète.

Le peintre se libère enfin de la forme, de la géométrie. Il troque le pinceau pour le couteau à palette, il détruit les contours. Son imagination peut maintenant exprimer sans entraves le rêve, trop souvent cauchemar, et la réalité.

Clockwork
Clockwork
Huile sur toile, 146 cm x 114 cm
Fontainebleau, juin 1953

Clockwork

En 1953, Montlaur s’installe à Fontainebleau, plus près de ses amis peintres parisiens Atlan, Chapoval, Soulages, Poliakoff. Sa peinture perd de sa simplicité géométrique, les couleurs explosent et les contrastes s’accentuent.

Étude Machine à remonter le temps
Étude Machine à remonter le temps
Gouache, 24 cm x 31,5 cm
Nice, octobre 1952

Étude Machine à remonter le temps

À Nice, devant la Baie des Anges, en 1952, Montlaur a apuré son style. Les formes sont devenues géométriques, les couleurs sont équilibrées.

Le maître de Moulins
Le maître de Moulins
Huile sur toile, 73,5 cm x 92 cm
Nice, juillet 1952

Le maître de Moulins

Montlaur poursuit sa recherche de la peinture parfaite en associant les formes et les couleurs et en suivant les principes de son ami, le peintre Gino Severini : « les couleurs sont déterminées de manière quasi mathématique et découlent rigoureusement des formes » (Du cubisme au classisisme, 1921). Ici, le peintre s’est inspiré du triptyque de la cathédrale de Moulins où la vierge et l’enfant sont englobés dans une mandorle, soleil nébuleux rayonnant dans le bleu du ciel.

Paysage n° 2
Paysage n° 2
Huile sur toile, 65 cm x 100 cm
Nice, août 1950

Paysage n° 2

En 1950 Montlaur a abandonné le cubisme de ses années américaines. Sa peinture est abstraite et l’on sent l’influence de son ami et mentor Gino Severini. Les formes sont dynamiques et les couleurs vives, tel le vert de ce paysage.

Portrait d'Adelaide de Montlaur
Portrait d'Adelaide de Montlaur
Huile sur toile, 61 cm x 51 cm
USA, 1948

Portrait d'Adelaide de Montlaur

Portrait cubiste d’Adelaide, comtesse de Montlaur.

Adelaide Piper Oates est née à Brooklyn dans l’état de New York. Venue à Paris en 1937 pour apprendre le français et les Beaux-Arts, elle y rencontre Guy de Montlaur. À la déclaration de guerre, elle est obligée de retourner aux Etats-Unis. Afin de rejoindre Guy de Montlaur, Adelaide obtient des autorités américaines d’être envoyée en Angleterre en pleine guerre. Elle retrouve Guy à Londres et l’épouse en juillet 1943. Il faisait alors partie du 1er Bataillon de Fusiliers Marins Commandos des Forces Navales Françaises Libres commandé par le Cdt. Philippe Kieffer et le Colonel Robert Dawson. Elle fit toute sa vie preuve de courage et de force de caractère. Elle passa le reste de la guerre en Angleterre pendant que son mari se battait en France et en Hollande.

Nous n’oublions pas sa grande force de caractère et son courage.

Alcools
Alcools
Huile sur toile sur carton, 49 cm x 68 cm
Waccabuc, NY, USA, juin 1947

Alcools

Ce tableau est dédié à l’œuvre éponyme de Guillaume Apollinaire. Le livre Alcools accompagna Montlaur lors du débarquement, il prit même l’eau sur la plage de Colleville-sur-Orne, au petit matin du 6 juin 1944.

Montlaur fait très souvent référence à son poète préféré, comme l’attestent les titres de ses peintures : Ma Désirade, La licorne et le capricorne, Automne, On a brûlé les ruches blanches. Apollinaire avait été poète et soldat comme Montlaur, une guerre mondiale plus tard, fut peintre et soldat. Tous les deux furent blessés à la tête et souffrirent de leur blessure. Alcools fut une des premières œuvres de Guy de Montlaur exposées : en mars 1949 à la Galerie Lucienne-Léonce Rosenberg, à Paris.